Chemises féminines

La première couche du vêtement féminin est la chemise. Certains l'appellent communément "chainse", bien que l'on retrouve assez peu cette appellation dans les textes.

Toute bonne garde robe commence par le sous-vêtement. Dans l'attente de déterminer si la petite culotte existe ou non à l'époque, on se lance dans la fabrication du linge de corps féminin attesté : la chemise.
Rien de plus facile à faire.
Il existe plusieurs manières de faire une chemise. Vous pouvez choisir un drap de lin à 1 euro chez Emmaüs, (il fera très bien l'affaire) ou bien du lin au mètre plutôt souple. Pour les chemises nobles, vous pouvez également utiliser de la soie ou de la gaze (voile de lin ou de soie).

Pour créer votre patron il vous faut comme mesure :
  • la hauteur du corps, de l'épaule à mi-mollet ( entre 20 et 35 cm du sol) 
  • la largeur du corps soit le demi tour de hanche ou de poitrine (le plus large des deux) + 7cm
  • la largeur d'épaule
  • le tour de bras, soit l'emmanchure
  • la longueur de bras
Il existe plusieurs types de chemises retranscrits par ailleurs dans Le Costume Médiéval de Florent Véniel et dans le Medieval Tailor Assistant de Sarah Thursfield.

Dans le Costume Médiéval :

Voilà une idée de la disposition des pièces sur une pièce de tissu de largeur 150cm :

 
La chemise doit être large, et ne doit pas mouler le corps. Comme tout patron, il vaut mieux couper un peu plus large et rattraper lors de l'essayage. Il faut être à l'aise.

Ce patron nécessite certains empiècements. Il est indispensable, quelque soit le patron choisi de penser à couper des "goussets", pièces d'étoffes triangulaires cousues entre elles et donnant de l'aisance sous le bras. On peut aussi faire un gousset de forme carrée. Si l'on est méticuleux et qu'on aime que les coutures tombent pile poil, coudre un gousset n'est pas purement pratique.
Pour coudre un gousset :  on commence par coudre entre eux deux triangles pour former un carré. On épingle un côté du carré sur un des côtés de l'emmanchure et on le coud. On coud ensuite la manche du poignet à l'emmanchure en prenant dans la couture le second côté du gousset. Voilà ce que ça doit donner :


Monter la manche sur la chemise comme une manche normale, en mettant la pointe du gousset au niveau de la couture côté de la chemise. Pour ceux qui n'ont pas compris, je ne tarderais pas à mettre des photos.
Faute de gousset, vous n'aurez pas d'aisance. La couture sous l'emmanchure risque de craquer.
Il vous faut aussi sur ce patron prévoir des triangles d'aisances, cousus par paire au bas de chaque couture côté de votre chemise (sur les mollets). Je vous conseillerais, pour bien être à l'aise de faire chaque pièce de 20 cm de largeur sur au moins 30 cm de hauteur. Si vous ne mettez pas ces triangles, vous aurez du mal à faire de grandes enjambées.
Il n'y a pas sur ce patron de couture d'épaule. C'est la pliure au niveau de l'encolure qui la formera. Il faudra bien mesurer la largeur d'épaule, afin qu'elle ne retombe pas sur la bras.
Une fois la chemise montée, il faut retailler le col sur vous. Le décolleté doit être plongeant, et pas trop large sur les épaules, sinon le poids des manches élargira encore le col et vous risquez de vous retrouver avec une encolure béante qui laissera passer le corps. Aussi vite habillée, aussi vite déshabillée. Pour éviter ce désagrément, on ne découpe pas trop profondément le dos, qui tiendra les épaules bien en place. Pour finir l'encolure, il faut y mettre une parmenture.

Si tout se passe bien, voilà ce que vous devez obtenir :


Ce patron rend plutôt bien, mais les empiècements ne sont pas pratiques quand on veut rentrer les coutures ou les enchasser.

J'ai pour ma part choisi un autre patron, que l'on trouve plus souvent dans les miniatures et qui est celui donné par le Medieval Tailor Assistant :


Ici les triangles d'aisance au bas de la chemise sont déjà intégrés. C'est au final beaucoup plus simple et, je trouve, plus confortable (mais il n'en tient qu'à moi). Cette chemise se monte exactement de la même façon que la précédente.  
Petit bémol cependant : ici la largeur du corps se prend ainsi : 1/2 tour de poitrine + 3cm.
À part ça, rien ne change dans la conception, sinon le patron.
Voilà le rendu de ce modèle :


Il peut y avoir quelques variantes à la manche de ces deux chemises. Si les deux précédents modèles présentent des chemises à manches droites ou "tube",  pratiques à relever lorsqu'il fait chaud ou lorsqu'on travaille, on peut y préférer, suivant la forme de la cotte, du corset ou de la robe, la manche ajustée.


La manche ajustée se rétrécit sur le poignet, au contraire de la manche tube qui a, au poignet et à l'emmanchure, la même mesure. Elle n'est pas aussi serrée que la manche longue du corset ou de la robe. Il vous faut alors comme mesures le tour de biceps, le tour de coude, le tour d'avant bras et le tour de poignet auxquels vous ajoutez entre 2 à 5 cm selon votre goût. 


Voilà alors ce qu'on obtient :


Si cette manche n'est pas aussi pratique que la précédente, elle s'impose néanmoins lorsqu'on souhaite porter une robe à manches longues, sous lesquels l'excédent de tissu est tout aussi désagréable que non esthétique.

Si d'aventure, comme moi, la superposition de vêtements (dont un corset à manches longues) nous plait mais nous donne chaud, on peut choisir de porter, comme à l'époque, une chemise sans manche. Le patron qu'en donne Florent Véniel est sensiblement le même que le précédent :


Il convient de préciser que cette chemise est avant tout portée dans les rares étuves où l'on oblige au port d'un vêtement (vu que généralement on s'y rend nu). Elle est en conséquence également portée par les filles d'étuves, respectables (qui servent l'eau chaude, le repas etc...) ou de petite vertu. Si elle demeure très confortable, elle n'a pas vocation à être montrée, contrairement aux deux précédents modèles qui sont savamment découverts par les élégantes (comprenez les jeunes femmes riches et non pas la paysanne qui elle, par utilité,  n'en laisse paraitre que les manches).

Gare aux méprises...




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