Soutien-gorge au XVè siècle

En plein spectacle, il n'est pas facile de trouver le temps de publier quoi que ce soit, mais je pense quand même au curieux et curieuses et vous transmet la découverte du moment : un article de Beatrix Nutz, archéologue, qui à mis à jour quelques pièces de sous-vêtements du XVè, particulièrement des soutien-gorges, datés au Carbone-14 et pour l'instant conservés à l'université d'Innsbruck.
Ce que je poste là est la copie de l'article en anglais (que je traduirais dès la fin du spectacle), le lien sur la page de ladite université et une petit reportage de présentation d'Euronews, histoire de ne pas vous faire attendre.
Enjoy



Medieval lingerie discovered

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19.07.2012
Up until now there was nothing to indicate the existence of bras with clearly visible cups before the 19th century. Textiles found in a castle in Eastern Tyrol now prove that there already was clothing similar to modern bras in the 15th century - a discovery made by Beatrix Nutz, an archeologist from the University of Innsbruck.
Photo: 15th century linen “bra” (large image) in comparison to a longline bra from the 1950's. (Photo: B. Nutz)

In the course of extensive reconstruction of Lengberg Castle, East Tyrol, Austria, funded by the country Tyrol, starting July 2008, archaeological investigations of several parts of the building were carried out under the direction of Harald Stadler (Institute of Archaeologies, University of Innsbruck). During the research a vault filled with waste was detected in the south wing of the castle in room 2.07 on the 2nd floor. The fill consisted of dry material in different layers, among them organic material such as twigs and straw, but also worked wood, leather - mainly shoes - and textiles. The building history, as well as investigations on construction techniques performed by Martin Mittermaier and Walter Hauser (Landeskonservatorat Tirol) and the archaeological features heavily suggested a dating of the finds to the 15th century, when another level was added to the castle by order of Virgil von Graben. The reconstruction is mentioned by Paolo Santonino in his itinerary, who also gives us a short description of the castle and mentions the reconstruction and the consecration of the castle chapel by Pietro Carlo (1472–1513), Bishop of Caorle, on October 13th 1485. The vault spandrel was most likely filled with waste during the addition of the 2nd storey as isolation or to level the floor. This date has now been confirmed by fife Carbon-14 dates carried out at the ETH-Zürich.

The textiles

The assemblage consists more than 2.700 individual textile fragments. An initial review of the material gave a wealth of different forms, including a number of almost completely preserved pieces of clothing as well as fragments of linen lining of garments with remnants of the former colorful woolen outer layer.
Fragments of several linen shirts show pleats on collar and sleeves. The sleeves of these shirts with preserved textile buttons and corresponding button holes with small cuff circumfence suggest that they were constituents of female clothing, or were even worn by children. One pair of completely preserved linen underpants, the fragment of a second one and a textile fragment of red and blue wool which turned out to be the codpiece of a pair of trousers belong to male clothing.

The brassieres

Four linen textiles resemble modern time bras. The criterion for this classification is the presence of distinct cut cups. The two more fragmented specimens appear to be a combination of a bra and a short shirt. They end right below the breast but have additional cloth above the cups to cover the décolleté, and no sleeves. Both “bras” have decorated lower ends. Finger-loop-laces (laces worked in loop manipulating braiding technique) are sewn onto the hem with lace-stitches resulting in simple needle-lace. Besides its decorative function - one that cannot be seen anyway when worn under a dress - this also serves as reinforcement for the hem and adds further support to the breasts.
The third “bra” looks a lot more like modern bras with two broad shoulder straps and a possible back strap, not preserved but indicated by partially torn edges of the cups onto which it was attached. The knot in the shoulder straps is secondary. This “bra” is also the most elaborately decorated with needle-lace on the shoulder straps, sprang-work between the two cups and, like the two aforementioned “bras”, a finger-loop-lace and needle-lace at the lower end.
The fourth “bra” is the one that resembles a modern bra the most.  At the first assessment this garment was referred to in German as “Mieder” (= corselette in English) by the excavating archaeologists. It can also be described with the term “longline bra”. The cups are each made from two pieces of linen sewn together vertically. The surrounding fabric of somewhat coarser linen extends down to the bottom of the ribcage with a row of six eyelets on the left side of the body for fastening with a lace. The corresponding row of eyelets is missing. Needle-lace is sewn onto the cups and the fabric above thus decorating the cleavage. In the triangular area between the two cups there might have been additional decoration, maybe another sprang-work.

Are the bras indeed from the 15th century?

There are considerable differences of opinion as to who 'invented' the brassiere or bra. Among those named is the French corset-maker Herminie Cadolle in the late 18th century and Mary Phelps Jacob who was awarded an US patent in 1914.
Up to now there was nothing to indicate the existence of bras with clearly visible cups before the 19th century. Medieval written sources are rather vague on the topic of female breast support, sometimes mentioning “bags for the breasts” or “shirts with bags”. Other sources only mention breast-bands to bind down oversized breasts.
As no comparable archaeological textiles of medieval “bras” were to be found, fiber samples of two bras were sent to the ETH (Eidgenössissche Technische Hochschule = Swiss Federal Institute of Technology) in Zürich to be Carbon-14 dated.  In addition fiber samples of the pair of underpants and two other textiles were also radiocarbon-dated. All results confirmed the dating of the finds to the 15th century.

Chemises féminines

La première couche du vêtement féminin est la chemise. Certains l'appellent communément "chainse", bien que l'on retrouve assez peu cette appellation dans les textes.

Toute bonne garde robe commence par le sous-vêtement. Dans l'attente de déterminer si la petite culotte existe ou non à l'époque, on se lance dans la fabrication du linge de corps féminin attesté : la chemise.
Rien de plus facile à faire.
Il existe plusieurs manières de faire une chemise. Vous pouvez choisir un drap de lin à 1 euro chez Emmaüs, (il fera très bien l'affaire) ou bien du lin au mètre plutôt souple. Pour les chemises nobles, vous pouvez également utiliser de la soie ou de la gaze (voile de lin ou de soie).

Pour créer votre patron il vous faut comme mesure :
  • la hauteur du corps, de l'épaule à mi-mollet ( entre 20 et 35 cm du sol) 
  • la largeur du corps soit le demi tour de hanche ou de poitrine (le plus large des deux) + 7cm
  • la largeur d'épaule
  • le tour de bras, soit l'emmanchure
  • la longueur de bras
Il existe plusieurs types de chemises retranscrits par ailleurs dans Le Costume Médiéval de Florent Véniel et dans le Medieval Tailor Assistant de Sarah Thursfield.

Dans le Costume Médiéval :

Voilà une idée de la disposition des pièces sur une pièce de tissu de largeur 150cm :

 
La chemise doit être large, et ne doit pas mouler le corps. Comme tout patron, il vaut mieux couper un peu plus large et rattraper lors de l'essayage. Il faut être à l'aise.

Ce patron nécessite certains empiècements. Il est indispensable, quelque soit le patron choisi de penser à couper des "goussets", pièces d'étoffes triangulaires cousues entre elles et donnant de l'aisance sous le bras. On peut aussi faire un gousset de forme carrée. Si l'on est méticuleux et qu'on aime que les coutures tombent pile poil, coudre un gousset n'est pas purement pratique.
Pour coudre un gousset :  on commence par coudre entre eux deux triangles pour former un carré. On épingle un côté du carré sur un des côtés de l'emmanchure et on le coud. On coud ensuite la manche du poignet à l'emmanchure en prenant dans la couture le second côté du gousset. Voilà ce que ça doit donner :


Monter la manche sur la chemise comme une manche normale, en mettant la pointe du gousset au niveau de la couture côté de la chemise. Pour ceux qui n'ont pas compris, je ne tarderais pas à mettre des photos.
Faute de gousset, vous n'aurez pas d'aisance. La couture sous l'emmanchure risque de craquer.
Il vous faut aussi sur ce patron prévoir des triangles d'aisances, cousus par paire au bas de chaque couture côté de votre chemise (sur les mollets). Je vous conseillerais, pour bien être à l'aise de faire chaque pièce de 20 cm de largeur sur au moins 30 cm de hauteur. Si vous ne mettez pas ces triangles, vous aurez du mal à faire de grandes enjambées.
Il n'y a pas sur ce patron de couture d'épaule. C'est la pliure au niveau de l'encolure qui la formera. Il faudra bien mesurer la largeur d'épaule, afin qu'elle ne retombe pas sur la bras.
Une fois la chemise montée, il faut retailler le col sur vous. Le décolleté doit être plongeant, et pas trop large sur les épaules, sinon le poids des manches élargira encore le col et vous risquez de vous retrouver avec une encolure béante qui laissera passer le corps. Aussi vite habillée, aussi vite déshabillée. Pour éviter ce désagrément, on ne découpe pas trop profondément le dos, qui tiendra les épaules bien en place. Pour finir l'encolure, il faut y mettre une parmenture.

Si tout se passe bien, voilà ce que vous devez obtenir :


Ce patron rend plutôt bien, mais les empiècements ne sont pas pratiques quand on veut rentrer les coutures ou les enchasser.

J'ai pour ma part choisi un autre patron, que l'on trouve plus souvent dans les miniatures et qui est celui donné par le Medieval Tailor Assistant :


Ici les triangles d'aisance au bas de la chemise sont déjà intégrés. C'est au final beaucoup plus simple et, je trouve, plus confortable (mais il n'en tient qu'à moi). Cette chemise se monte exactement de la même façon que la précédente.  
Petit bémol cependant : ici la largeur du corps se prend ainsi : 1/2 tour de poitrine + 3cm.
À part ça, rien ne change dans la conception, sinon le patron.
Voilà le rendu de ce modèle :


Il peut y avoir quelques variantes à la manche de ces deux chemises. Si les deux précédents modèles présentent des chemises à manches droites ou "tube",  pratiques à relever lorsqu'il fait chaud ou lorsqu'on travaille, on peut y préférer, suivant la forme de la cotte, du corset ou de la robe, la manche ajustée.


La manche ajustée se rétrécit sur le poignet, au contraire de la manche tube qui a, au poignet et à l'emmanchure, la même mesure. Elle n'est pas aussi serrée que la manche longue du corset ou de la robe. Il vous faut alors comme mesures le tour de biceps, le tour de coude, le tour d'avant bras et le tour de poignet auxquels vous ajoutez entre 2 à 5 cm selon votre goût. 


Voilà alors ce qu'on obtient :


Si cette manche n'est pas aussi pratique que la précédente, elle s'impose néanmoins lorsqu'on souhaite porter une robe à manches longues, sous lesquels l'excédent de tissu est tout aussi désagréable que non esthétique.

Si d'aventure, comme moi, la superposition de vêtements (dont un corset à manches longues) nous plait mais nous donne chaud, on peut choisir de porter, comme à l'époque, une chemise sans manche. Le patron qu'en donne Florent Véniel est sensiblement le même que le précédent :


Il convient de préciser que cette chemise est avant tout portée dans les rares étuves où l'on oblige au port d'un vêtement (vu que généralement on s'y rend nu). Elle est en conséquence également portée par les filles d'étuves, respectables (qui servent l'eau chaude, le repas etc...) ou de petite vertu. Si elle demeure très confortable, elle n'a pas vocation à être montrée, contrairement aux deux précédents modèles qui sont savamment découverts par les élégantes (comprenez les jeunes femmes riches et non pas la paysanne qui elle, par utilité,  n'en laisse paraitre que les manches).

Gare aux méprises...




En avant première, voici une petite BD sur l'art de porter son costume, que j'ai commandé pour le Son et Lumière de Cléry à Clothilde Touze, ma comparse de thèse de l'Université d'Orléans, dont le talent et l'imagination ne sont plus à démontrer.
Elle est destinée aux figurants du Son et Lumière de Cléry dont je suis costumière (entre autres). Si pour certains d'entre vous tout cela peut sembler classique, je suis certaine qu'elle ne manquera pas de vous faire rire.
Enjoy.

Comment porter son costume