Les gippons 1. Le pourpoint à grande assiette





Le pourpoint à grande assiette compte très certainement parmi ce qu'il y a de plus compliqué à réaliser, à tel point que, très honnêtement, quand Le Grand Brun m'en a demandé un de sa voix douce, je l'ai envoyé en acheter un chez SPES Medieval Market, très bien de surcroît, découragée que j'étais de la masse de couture que ça rajoutais à la masse de couture que j'avais déjà à faire. Mais pour tout ceux qui en auraient le courage, et parce-qu'il va bien falloir que je le trouve avant de rendre mon manuscrit de thèse, un petit avant goût de ce qui nous attend :


Pour ceux qui n'y connaissent rien (désolée pour tout ceux qui connaissent déjà), la pièce que vous voyez à gauche, c'est ce qu'on appelle le "demi devant" : vous en avez un sur chaque pectoral et vous le boutonnez au milieu (les traits verticaux, ce sont les boutonnières). Les deux pièces de droites sont les pièces du dos, une en haut du dos (épaules-taille) et l'autre sous la taille. La petite pièce entre les deux sert à donner de l'aisance à l'emmanchure.
Cette coupe n'est pas adaptée à nos façons de se vêtir aujourd'hui. C'est très évident lors de l'examen du pourpoint de Charles de Blois : on attache sous le pourpoint de petits rembourrages au niveau de la poitrine pour amplifier le torse. Ne chercher donc pas à faire la même coupe sur la pièce de gauche : de l'encolure à l'aine, faites une ligne droite (à moins que vous fassiez un 90B). Pour Monsieur Tartiflette, il faut faire une courbe pour y placer le ventre, mais autant vous dire que le pourpoint à grande assiette ne sied pas très bien à Monsieur Tartiflette à moins qu'il ne soit très ajusté.


C'est un peu à cause des manches. Souvent ce que ces messieurs veulent c'est un gambison à grande assiette, comme celui du Grand Brun. Les épaisseurs de tissus créent des plis qui élargissent la carrure de façon parfois conséquente et peuvent diminuer le cou s'il est trop rembourré. "Comme avant" me direz-vous. Bien en fait non. Les hommes qui portaient ce genre de vêtement très cintrés ne pouvaient pas lever les bras, en fait. Comme nos Messieurs ont besoin de bouger, quand même, les manches sont moins ajustées, ce qui fait des plis. Donc Monsieur Baraque sera encore plus baraque, ce qui ne sera pas pour lui déplaire, j'en suis sûre.
Ce à quoi il faut penser pour pallier à ce problème, si vous faites un gambison, c'est à moins rembourrer l'aisselle, l'avant et l'arrière de l'épaule et le bras. Ça réduira la rigidité du tissus et évitera les protubérances.






Voilà ce à quoi ça doit ressembler une fois monté. Les manches peuvent être de couleur ou de tissus différent, fait particulièrement récurent au XVè, ou nombre d'iconographies laissent à voir ce type de pourpoint, qui n'est alors plus gamboisé. Mais il reste réservé aux métiers d'armes, comme un pourpoint d'entrainement, ou utilisé pour certains métiers comme les maréchaux ferrant qui les accommodent avec des manches en toile très souples en drap.




Si vous ne vous sentez de faire le patron, sachez que Reconstructing History en vend un, ce qui ne manquera pas de vous simplifier la vie.
Pour ceux qui voudraient s'y lancer tout seuls, La Cotte Simple donne une explication assez complète du pourpoint de Charles de Blois, en anglais certes, que vous pouvez consulter en cliquant sur son nom si vous succombez à la tentation de ce pourpoint avant que je ne vous traduise la page.
Pour les autre, promis, j'y reviens vite.


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